L’activité du sel a marqué l’histoire de Saint Valery sur Somme dont l'entrepôt en est le plus majestueux témoin. Fort de cette lignée, et aujourd’hui réhabilité pour un nouveau destin, il devient le symbole d’un futur à bâtir.

L'or blanc

Le sel répond à un besoin tellement universel que son usage a rapidement dépassé la simple fonction alimentaire. L'État romain, l'un des premiers, prend sous son contrôle la production de sel et sa redistribution. Le légionnaire touche sa solde en sel : c'est le salarium, devenu notre salaire. Loin du troc, le sel acquiert une fonction monétaire

La seule fabrication du pain nécessite 10 grammes de sel par personne et par jour, les salaisons beaucoup plus. Cette consommation générale et essentielle à la vie va inspirer aux seigneurs et aux souverains l'idée de s'en réserver le monopole et d'en faire l'objet d'un prélèvement : la gabelle.

La gabelle est d'abord un impôt extraordinaire puis finit par se généraliser. Véritable manne pour le pouvoir royal, la gabelle va être la source d'injustices et de révoltes sanglantes, liant ainsi indéfectiblement l'histoire de l'or blanc à celle de la France. Elle servira largement à financer des guerres. La gabelle devient même la principale ressource du trésor public au 18ème siècle. 

 

Le plus grand et le plus solide du royaume

Une fois récoltée, la précieuse marchandise est transportée en vrac par bateaux puis stockée dans les villes à l'embouchure d'un fleuve. Idéalement située à l'embouchure de la Somme, entre terre et mer, frontière du pays du Vimeu, Saint-Valery devient une sorte de capitale picarde du sel sous l'Ancien Régime.

Mais le stockage de ce produit pose problème. Il est d'abord entreposé chez l'habitant, au hasard des places disponibles, à savoir les caves et les greniers. Mais cela favorise bien sûr de nombreux vols et la contrebande du sel s'envole (elle représente la moitié du sel consommé dans le royaume !). 

C'en est trop, la construction d'un véritable entrepôt à sel est ordonnée.


Bâtie sur l'actuel quai Lejoille, probablement entre 1733 et 1736, l’entrepôt des sels est une construction massive.

Ce dépôt, « le plus grand et le plus solide du royaume », comporte trois pièces de 45,50 mètres de long, 12,20 mètres de large et des murs de 13 mètres de haut sur 2,25 m d'épaisseur.

Très épais, ces murs sont faits de briques et de grès. Une fois l'édification achevée, il s'avère que les calculs faits pour que l'épaisseur des murs résiste à la pression du sel entreposé sont faux. Cela explique la présence de quatre piliers en façade élevés pour renforcer le mur.

La charpente, en trois parties reliées en façade, soutient une toiture en ardoises de 3 700 m².

L'entrepôt de Saint-Valery, le plus important au nord de Paris, voire de France, peut abriter plus de 19 000 tonnes de sel. Il fournit la Picardie, l'Artois, la Champagne et la Bourgogne.

La Révolution Française entraîne la suppression de la gabelle, poussant à varier les usages de l'entrepôt. Puis l’ensablement inéluctable de la baie diminue la profondeur du port et empêche les grands navires qui résistent à l’essor du trafic ferroviaire d’amarrer. Le port perd sa fonction commerciale, l'entrepôt tombe peu à peu en ruines.

 

 

Une nouvelle vie

Malgré son délabrement, la bâtisse traverse les années et devient propriété communale en 1989. Plus vaste entrepôt subsistant en France, il est classé Monument Historique en 1991. En 2001, l’architecte des bâtiments de France signale sa dangerosité, il n’est plus à même de recevoir du public.

En 2013, la municipalité élabore un vaste projet de réhabilitation de l'entrepôt en un complexe culturel, associatif, de tourisme d'affaires et de réception. Après une longue période de consultation et de concertation, c'est le projet de Quille Construction qui est retenu.


Ce nouveau chapitre de l'entrepôt s'écrit avec vous !

Réouvert au public à l'automne 2019, le bâtiment transformé abrite aujourd'hui 

 

Se rendre à l'Entrepôt des Sels

 


 

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